Apprendre à se définir à travers la maladie mentale
Depuis les tout débuts d'Une tempête à la fois, je reçois beaucoup de commentaires de la part de mon entourage, proche comme éloigné. Et ça va dans tous les sens. On m'a beaucoup félicitée d'avoir eu cette initiative, bien évidemment. Mais il y a souvent des sous-entendus dans leurs compliments, et ça vient parfois avec quelques questions.
Certaines amies du secondaire ont été très étonnées que j'aie un trouble de la personnalité limite et que je vive autant d'anxiété, n'en ayant pas vu les signes. Il faut dire que je cachais bien mon jeu, à l'époque. On m'a aussi dit que j'étais courageuse de parler de mes diagnostics ouvertement, alors que certains en sont terriblement gênés. Quelques uns m'ont clairement demandé pourquoi je faisais tout ça, avec une face d'incompréhension. On m'a conseillé de le faire de façon anonyme pour toutes sortes de raisons.
"Qu'est-ce que tes employeurs vont en penser ?"
"Tu n'as pas peur que des portes se ferment devant toi?"
"Tu n'as pas peur que les gens te jugent?"
J'ai même certaines relations qui se sont terminés. Des amies (ou plutôt des connaissances que je croyais mes amies) m'ont fuit, pensant que ces diagnostics allaient amener son lot de "problèmes" et que je serais soudainement plus difficile à gérer qu'avant. Ce qu'elles n'ont pas compris, c'est que diagnostic ou pas, je suis restée la même.
À tous ces commentaires et toutes ces questions : Oui j'ai peur, mais non, je ne suis pas courageuse, ni forte. Je ne suis pas non plus insouciante ou folle. Je suis juste moi. J'avais besoin de ce projet pour m'aider à me définir et à me comprendre. D'abord et avant tout, Une tempête à la fois existe parce que j'en ai besoin. Ces diagnostics font partis de moi. Pour moi, je ne vois pas l'utilité de les cacher. Par contre, ils ne me définissent pas non plus. Je suis bien plus qu'une fille TPL et anxieuse. Et c’est ce qui fait que j’ose partager cette partie de moi lorsque nécessaire.
Je parle de ma maladie pour mille et une raisons. Tout d’abord, pour m’aider à m’assumer. Par moment, bien sûr que je peux avoir honte de ce je peux dire ou faire dû à ce trouble. Le fait de le dire, de l'écrire m’aide à diminuer cette honte. J’en parle également pour prouver aux gens que n’importe qui peut en être atteint. On ne juge pas un livre par sa couverture, pas plus qu’on ne devrait juger un humain par son sourire. J’en parle aussi pour tout ceux et celles qui n’en sont pas à l’aise. Je ne les juge pas, bien au contraire. Certains ressentent le besoin d'en parler qu'à leur personnes chères. Et d'autres n’en parleront jamais, n’en voyant pas la nécessité. Chacun vit son histoire à sa façon. Il n'y a pas de bons ou de mauvais choix.
Mais tellement de monde vivent dans la peur de l’inconnu face aux maladies mentales, que j'ai décidé d'en faire mon combat et de faire connaître cette réalité. Je ne me voyais pas faire autrement. C'est dans ma nature. Je fais ce que mon coeur et ma tête m'indiquent de faire. Je fais simplement ce qui est en mon pouvoir pour me rendre heureuse et épanouie à travers les différentes facettes de ma personnalité. Et c'est à travers Une tempête à la fois que j'y arrive le mieux.
Et si à travers ce projet j'aide ne serait-ce qu'une personne, j'aurai prouvé à tout ceux et celles qui tentent de me décourager que j'avais raison d'en parler ouvertement.
Laurie
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