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Photo du rédacteurMione

Bienvenue chez les fous !

Encore aujourd’hui, lorsqu’on mentionne une hospitalisation en psychiatrie, certains présument à tort que la personne est folle, qu’elle a un trouble mental dangereux. C’est loin de la vérité.

J’ai vécu deux hospitalisations dans ma jeune vie, une fois en février 2012 et la deuxième en juin 2023. J’avais mal à mon âme, à mon être, je ne me comprenais plus, le goût de vivre n’y était plus. Ce n’était pas tant une envie de mourir, plus une fatigue physique et psychologique de nager à contre-courant sans voir de rive. La peur de se laisser flotter et de se noyer. La peur de nager de l’autre côté pour rebrousser chemin, reprendre son souffle sur quelque chose de connu. La peur de reculer.



Une hospitalisation en psychiatrie, ce n’est pas facile. Tu es confronté à toi-même, chose qui n’arrive pas souvent dans le quotidien, la routine et tout ce qui nous fait sentir chez nous. Dans un lit d’hôpital, entouré de murs blancs, beige ou bleu poudre, la seule chose à laquelle tu peux penser, c’est toi. Et ta douleur. Tu te fais remettre en question constamment, on te demande si tu es conscient de ce qui se passe dans ta tête. La réponse est non, sinon on ne se trouverait pas là, n’est-ce pas ? Mais au cours des jours qui avancent, cette réponse que tu ne connaissais pas t’apparaît plus clairement.

J’ai compris que les intervenant.es qui sont présents, les infirmier.es, les préposé.es sont là pour le bien de la personne hospitalisée. Oui, les règlements sont difficiles à assimiler. Oui, être face à soi est horrible. Oui, tu as l’impression d’avoir atterri dans l’armée avec de la nourriture pas comestible. MAIS, oui, tu as ta place. Oui, tu peux cheminer, grandir, évoluer, bâtir une meilleure version de toi-même.


Il n’y a pas que des fous qui sont hospitalisés. Parfois le mal-être est simplement trop grand. Quelquefois ce n’est qu’une question de transition (par exemple une personne âgée avec un début de démence). D’autres fois, c’est pour comprendre ce qui fait de nous… nous. Est-ce un trouble, une maladie, un trait de caractère ? Est-ce qu’au final, on est réellement fou ? Non. On est juste différent. Et certains ont besoin de l’aide de professionnels pour le réaliser.


Une hospitalisation en psychiatrie, ce n’est pas des vacances. Ça fait mal. Plus les journées avancent, plus tu as l’impression de réellement perdre la tête. Tu chemines, mais tu recules en même temps. L’irritation grandie, l’anxiété aussi. Tu as l’impression que tu perds ton temps, car tu n’as rien d’autres à faire que penser, lire, construire des casse-têtes, regarder la télévision, peindre… Tu souhaites que les choses avancent plus vite, tu veux parler, tu veux de l’aide ici et maintenant, mais tu dois attendre ton tour. Tu dois attendre de t’être compris toi-même pour que le ou la professionnel.le de la santé puisse t’aider, car comme on le dit si bien : on ne peut pas aider une personne qui ne veut pas se faire aider !

Être hospitalisée en psychiatrie ne devrait pas te causer de la honte. Au contraire. Tu as réussi à aller chercher de l’aide, à trouver une ressource pour aller mieux. Tu as levé la tête, alors que le poids du monde pesait sur tes épaules. Si ça ce n’est pas du courage, alors je ne sais pas ce que c’est.


Laissons tomber les stéréotypes. Il n’y a pas de fous en psychiatrie. Juste des gens qui ont besoin d’aide. Et on devrait les féliciter au lieu de les juger.


Jessica Di Salvio

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