Coupable de faire ce que je crois être le mieux pour moi

Du plus loin que je me souvienne, j'ai toujours été un peu mouton noir. Le but ici n'est pas de justifier le pourquoi du comment, mais gardons cette information. J'ai vécu des choses à mon adolescence qui sont encore un secret bien gardé pour une bonne partie des personnes qui me connaissent. C'est aujourd'hui, des années plus tard, que je prends conscience de l'impact majeur que certains événements et paroles ont eu sur mes relations. Mieux vaut tard que jamais, vas-tu me dire, et je suis d'accord. Mais pour moi, c'est comme entrer dans un combat auquel je sens que je n'aurai jamais assez de munitions pour me faire comprendre à 100%. Et ça, ça m'angoisse au plus haut point.

J'ai réalisé que certaines émotions ou événements sont plus intenses à vivre que je ne le pensais. Quand j'ai mal, que je me sens trahie, abandonnée, j'ai tendance à exagérer les faits, comme si c'était ma manière de libérer toute la douleur que je ressens en moi. J'ai le goût de grimper si haut dans les airs et de crier si fort toute cette souffrance qui m'habite, parce que je me suis tue beaucoup trop longtemps. Aujourd'hui, j'ai appris à mes dépens que je devais faire face au passé pour comprendre mes émotions et ainsi mieux les gérer. J’ai toléré des choses qui ne correspondaient pas à mes besoins et, trop souvent, j'ai dépassé mes limites pour éviter de me replonger dans ces émotions que j’ai fuies durant tant d’années. J'ai longtemps cru que certains choix étaient en accord avec mes valeurs. En réalité, je me suis mise la tête dans le sable pour ne pas décevoir, et ainsi suivre la vague comme tout le monde.

Dans les deux dernières années, je me suis perdue. Eh oui, j'ai encore fait des erreurs... Je me suis entêtée à avancer sans ralentir, sans assumer pleinement certaines de mes décisions, tout ça par peur de décevoir une fois de plus. J'ai persisté à continuer comme si tout allait bien.

Maintenant, j'apprends à poser mes limites, à nommer mes besoins, à comprendre que ralentir ne fait pas de moi une personne faible et qu’en suivant ma petite voix intérieure, je décevrai toujours quelqu’un quelque part. Je fais donc face aux réactions des autres lorsque je m'exprime, que je défends mes choix et que j'assume mon petit côté mouton noir. Et ça, c'est hyper angoissant et insécurisant, parce que faire les choses différemment, et ne pas avoir l'approbation des autres, me donne l'impression d’être une mauvaise personne qui prend des décisions de façon irresponsable. Quand je parle, c'est perçu comme une justification ou une banalisation, et ça me donne juste envie de me taire et de me cacher. La vérité, c'est que j'aimerais pouvoir mettre une cassette dans la tête de toutes les personnes que je connais et qu'ils regardent le film de ma vie pour mieux comprendre.

J'en ai marre d'avoir souvent l'impression d'être incomprise, de me sentir coupable lorsque je fais ce qui me semble le mieux pour moi. Ça m'épuise en dedans, car mon cerveau anticipe déjà les réactions chaque fois que je prends une décision qui ne correspond pas aux attentes des autres. Je ressens beaucoup de colère à l'intérieur de moi face à la désapprobation des autres envers les actions que j'entreprends dans l'unique but de prendre soin de moi et de me respecter. J'essaie de me consoler en me disant que j'ai toujours été authentique, que je fais des choix pour moi et non contre les autres. Moi, je le sais que je fais ce qu'il faut pour affronter les conséquences du passé, accepter et comprendre mes erreurs. Tout ce que je veux, c'est pouvoir m'épanouir et devenir une version de moi plus confiante et en paix.

- Mérédith