Il est ou le bobo?
Récemment, quelqu’un m’a croisé un jour de semaine et m’a demandé pourquoi je ne travaillais pas. J’ai répondu que j’étais en congé de maladie. La personne s’est mise à me scanner le corps du regard à la recherche d’une blessure...d'un bobo!
Dans mon cas, les maux ne sont pas physiques, quoique je me sente tout le temps épuisée et sans énergie… Mes maux à moi sont dans ma tête, dans mon cœur, dans tout mon être, mais ils ne se voient pas. Mon anxiété m’empêche de dormir, de travailler, de prendre soin de moi et de ma famille, m’empêche même parfois de garder contact avec la réalité. C’est épuisant de toujours tenter de contrôler tout ça et comme ça ne se voit pas physiquement, c’est comme si ça n’existait pas.
Quand j’ai dit à cette personne que mon trouble d’anxiété était décompensé, j’ai eu le droit à un simple «Ha…» et on a changé de sujet. J’ai senti dans son regard de l’incompréhension, mais au lieu de me poser des questions et de tenter de comprendre, cette personne a fui le sujet. Pourtant, les problèmes de santé mentale font partie intégrante de notre société en 2023. Cela ne devrait plus être un sujet tabou. Plus personne ne devrait se sentir faible et rabaissé parce qu’elle souffre de maladie mentale.
Ça fait tellement longtemps que je vis avec mes troubles mentaux, que je me suis créée une carapace face au jugement des gens. Je suis de ces personnes qui en parle sans gêne et qui croit qu’à force de mettre les mots sur les maux, un jour le tabou tombera. Jamais je n’ai caché mes dépressions, mon trouble d’anxiété généralisé, mon déficit d’attention, le trouble d’anxiété généralisé de mon fils. Je suis médicamentée depuis des années et le serai toute ma vie. Mon fils est médicamenté et je lui dis d’en parler et de ne pas s’en cacher…surtout que lui-même voit à quel point sa vie est plus facile depuis qu’on contrôle son anxiété avec ses médicaments. Non, on ne règle pas tout avec la médication, mais ça aide beaucoup. Mon fils est suivi par une psychologue et une ergothérapeute pour l’anxiété, mais aussi parce qu’il fait partie du fabuleux trouble du spectre de l’autisme. Encore un gros tabou! Je passe donc ma vie à gérer tant bien que mal mes maux à moi, ceux de fiston, à tasser du revers de la main le jugement des autres, à tenter d’éduquer les gens et tout ça en élevant aussi une pré-ado remplie d'attitude et en travaillant 35 heures par semaines. Après ça, je me demande pourquoi j’ai craqué…
Pourquoi je suis en congé maladie? Pour tout ça je dirais! Parce que j'ai besoin de reprendre mon souffle, de retrouver mon équilibre, parce que pour moi, c'est ça l'anxiété. C'est de se sentir constamment en équilibre sur le bord d'une falaise, d'avoir peur du moindre coup de vent et de tomber dans le ravin. C'est parfois manquer de souffle parce que mes poumons sont déjà trop plein de craintes et d'inquiétudes qui n'ont pas toujours raison d'être. Je n'ai pas honte, je ne m'en cache pas et ne m'en cacherai jamais.
Soyons fier de nous, de qui nous sommes, et ce, avec nos troubles de santé mentale...la maladie ne nous définit pas, mais fait partie de nous.
Virginie.
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