Je suis tannée de me justifier
Attention, le texte qui suit découle d'une montée de lait.
Ces temps-ci, je me suis surprise à mentionner régulièrement mon diagnostic à tous et chacun, en justifiant ainsi plusieurs traits de ma personnalités, de nombreuses réflexions et d'innombrables larmes. Je ne sais pas si c'est parce que j'essaie vraiment de banaliser les troubles mentaux, mais l'effet inverse s'est produit chez moi. J'ai fini par me tanner. Je ne vais pas peser mes mots, ça m'a frustrée ben raide. Et bien entendu, je vais m'expliquer ici.
Pourquoi, moi, je justifie mes écarts de conduites émotionnels, qui sont plutôt minimes maintenant que j'ai énormément travaillé sur moi ? Tout d'abord, c'est un peu ridicule, parce que peu importe le travail que je vais faire, je ne serai jamais parfaite. Personne ne l'est jamais. Et ce n'est définitivement pas une quête que je poursuis. Secondo, tout le monde sur cette planète vit des écarts de conduites émotionnels de façon régulière. Gérer ses émotions, c'est un défi de tous les jours. Un défi qui grandit au fur et à mesure que notre société change. Bien sûr, il y a des moyens plus sains que d'autres pour se défouler ou encaisser des grands coups. Mais en toute honnêteté, je peux affirmer que je constate dans mon entourage (plus ou moins immédiat) des comportements auto-destructeurs chez des gens qui n'ont à ce jour aucun diagnostic.
J'ai vu des gens s'oublier complètement pour les autres et se faire manger la laine sur le dos en acceptant des comportements ignobles de leurs partenaires. J'en ai vu d'autres passer leur stress et leurs frustrations dans l'alcool ou la drogue, prétextant qu'il s'agit plutôt d'un mode de vie. J'ai rencontré des personnes qui parlaient sans arrêt de leur rupture, à tous les jours pendant des mois, mais qui prétendaient qu'elles avaient passé à autre chose, qu'elles étaient mieux ainsi et donc, qui ne se permettaient pas de « faire sortir le méchant ». De ce fait, j'en connais aussi qui ont barré leur cœur à double tour afin de ne plus trop ressentir leurs émotions et qui ne se donnent jamais le droit de verser une larme. Je pense aussi à des gens qui virent tout à la blague, sans jamais comprendre le sérieux derrière certaines situations. Ou pire, des gens qui pensent à tort qu'ils ont toujours raison et qui traitent les problèmes de la vie comme des dossiers dans une entreprise.
Tous ces gens.... N'ont pas de diagnostic. Ils ne savent même pas, pour la plupart, qu'ils ont un problème de gestion des émotions. Ils jouent inconsciemment à l'autruche. Et moi, la jeune adulte qui est beaucoup trop consciente de ses défis quotidiens, je prends le temps d'expliquer mes réactions, gestes et paroles qui pourraient déborder du cadre de la «normalité», parce que j'ai le soucis du bien être des autres. Je veux être comprise et je ne veux pas laisser personne perplexe par rapport à une situation quelconque. En gros, je justifie presque chaque larme, chaque mot prononcé plus fortement, chaque regard désobligeant.
«Je suis désolée, j'ai beaucoup de difficultés à gérer certaines émotions. Je m'excuse, je suis plus fragile c'est temps-ci, je pleures à rien, ne t'en fait pas.»
Mais eux, elles sont où leur excuses? Loin, très loin. J'ai juste à voir le regard qu'ils me jettent et qui veut dire «Gère toi fille» pour comprendre qu'ils n'ont aucune idée qu'ils ne sont pas mieux que moi.
J'ai hâte que les gens comprennent qu'on est tous dans le même bateau. Y'a personne qui gère parfaitement ses émotions. On vit tous avec nos démons intérieurs. On a tous des bobos qui ne guérissent pas si vite que ça. On utilise tous des mécanismes de défenses plus ou moins sains. Ce n'est pas parce que tu ne t'es pas rendu au point d'avoir un diagnostic que tu es un champion de l'émotion. Arrête de me reprocher mes larmes, mes tremblements, mon souffle coupé, bref, mon émotivité. Je suis ce que je suis. Je suis consciente de mes points à travailler. Au lieu de te préoccuper de ma personne, travaille-dont sur toi, toi aussi. C'est à ton tour de te regarder dans le miroir.
Laurie
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