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La réalité derrière les idées noires


Une à plusieurs fois par année, j’ai des crises en lien avec mon trouble de personnalité limite et mon syndrome du choc post-traumatique. Je cohabite avec plusieurs symptômes dans ces moments-là. Mais un des plus tabous, ce sont les idées noires/idées suicidaires. 


C’est tabou parce que les gens ont peur. En fait, c’est une des plus grandes peurs en tant que collectivité. La peur de recevoir cet appel et la culpabilité de ne pas avoir vu les signes. Surtout au Québec, puisqu’on a un taux vraiment élevé de suicide par année.  


Mais la réalité derrière la personne qui en souffre est tout autre. 


Lorsque je suis en crise, je ne veux pas mourir. Je veux arrêter de souffrir. Je ne veux pas que mon entourage vive cette culpabilité-là. Je ne veux pas que mon père se retrouve seul. Je veux juste que la souffrance cesse. On entend souvent cette phrase-là, mais c’est la réalité de quelqu’un qui «deal» avec des problématiques de santé mentale. 


Mon but derrière ce texte n’est pas de donner des raisons au suicide. Mon but, c’est de permettre à l’entourage des personnes qui souffrent de mieux comprendre comment ça se passe dans nos têtes, mais surtout dans nos cœurs. On n'est pas fou, on n'est pas égoïste, on n'est pas des manipulateurs. On vit avec une souffrance énorme, jour après jour. Des fois, la souffrance est trop grande et on a envie que ça cesse. 


J’aimerais qu’on arrête de nous voir comme des gens faibles, parce qu’au contraire, tous les gens qui ont des pensées suicidaires sont des personnes résilientes. Ce sont des personnes qui sont passées au travers d'événements horribles. La seule chose qu’elles veulent, c’est un peu de silence dans leurs souffrances.


Personnellement, dans ces moments-là, je sonne rapidement la sonnette d’alarme. Lorsque je commence à ressentir cette énorme souffrance, j’avertis mon entourage. Tout le monde se mobilise. Mes amies m’écrivent plus souvent, elles me demandent si j’ai besoin de quelque chose. Mon père m’appelle plus souvent dans la journée. On rapproche les rencontres avec ma psychologue. Mon équipe médicale me suit de plus près également. Si la souffrance devient trop importante, les idées noires m’envahissent, je me dirige à l’urgence psychiatrique. 


Un autre de mes trucs dans ces moments-là, c’est d’avoir toujours une photo des gens que j’aime en fond d’écran de mon cellulaire. Ça me raccroche à la vie. Ça me raccroche aux beaux moments, ça me rappelle que c’est temporaire et que c’est juste une vague. Tout ça, ça ne veut pas dire que c’est facile. Ce sont les pires moments, mais je me raccroche à ce qui est beau, à ceux que j’aime.  


La santé mentale, les symptômes, les idées suicidaires… Ça n’a aucun genre, aucune orientation sexuelle, aucune ethnie. C’est de la souffrance, énormément de souffrance. Si tu en vis et que tu lis mon texte aujourd’hui, je comprends. Tu es important(e) pour nous et tu as le droit de demander de l’aide, ça ne fera jamais de toi quelqu’un de faible. Au contraire. Tu continueras à être la personne résiliente que tu es déjà. Comme moi. Comme tous les gens qui souffrent de problèmes de santé mentale. 



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