Le deuil : Une hyperfixation comme une autre
À chacun sa façon de faire son deuil. À chacun son rythme. À chacun son parcours de guérison. Dans mon cas, faire mon deuil passe inévitablement par une spirale pendant laquelle je perds le contrôle de ma tête et de mes émotions. J’existe simplement, je ne vis plus.
C’est plus fort que moi, peu importe la forme du deuil, je suis traversée par cette vague de douleur qui me fait perdre toute rationalité. Je vis mes émotions plus intensément que la majorité des gens. C’est une particularité de beaucoup de troubles de santé mentale, incluant le TDAH. Ajoute à ça l’humeur anxieuse et dépressive et les hormones d’une femme : une belle recette pour perdre le contrôle, du moins, dans mon cas.
Rapidement, je sombre dans cette hyperfixation que cette personne n’est plus là. Qu’un morceau de moi, tout cet amour et ce temps, vient simplement de s’envoler comme si un rien était. Mes réactions et mes comportements deviennent démesurés, à la hauteur de la détresse que je ressens.
Pleurer en hurlant de douleur. Être en colère profonde contre chaque petite embuche. Me décomposer dès que la vie semble contre moi. Être hostile contre des gens qui n’ont aucune idée de ma tempête intérieure.
Mon cerveau est incapable de déroger de cette douleur continue qui me ronge. Jusqu’à ce que ça fasse physiquement moins mal.
C’est dans ces moments-là que je trouve ça difficile d’accepter qui je suis, dans la normalité qu’est ma neurodivergence. Je me sens isolée du reste du monde, car je peux voir dans leur regard qu’ils ne comprennent pas l’extension de ce qui se passe en moi, même si je tente de l’expliquer.
À toi, qui vis ce deuil. À toi, qui as l’impression que tes émotions tentent de te noyer 24/7 par moment : je te vois. Même si tu te sens complètement isolé du reste du monde, tu ne l’es pas.
Je comprends ton intensité. Je comprends ta douleur. Je comprends surtout que c’est plus fort que toi.
Nous sommes faits pour vivre un deuil intensément.
Et non dans la normalité conventionnelle.
Loud.
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