Le malaise face à la santé mentale
Je suis de retour au boulot après plusieurs mois de congé. Les clients sont contents de me revoir et c'est un bonheur partagé. Par contre, certains m'ont demandé où j'étais, question à laquelle je réponds en toute honnêteté; j'étais en congé de maladie. On me demande ensuite qu'est-ce que j'ai eu? "Des problèmes avec ma santé mentale" Le MALAISE en grosses lettres majuscules qui s'installe à chaque fois me sidère.
Qu'est-ce que tu aurais voulu comme réponse, ma petite dame? Que je m'étais fracturée une jambe? Et bien non, c'est l'âme et l'esprit qui se sont fracassés en mille miettes. Pourquoi vous mentir et vous faire accroire que mon mal était physique? Quoique, il l'était aussi, mais l'essentiel de ma souffrance se cachait et se cache encore bien au fond de ma tête, de mon cœur, dans chaque parcelle de mon être. Vous mentir pour ne pas vous choquer, c'est non pour moi. J'ai le droit d'avoir une santé mentale fragile et d'en parler sans gêne et sans tabou. C'est à force d'en parler, de verbaliser ses maux que le malaise tombera une bonne fois pour toute. Ressaisissez-vous Madame Chose, je ne vais pas vous faire une crise d'anxiété en direct, je réponds simplement à votre question. Bonne journée là!
Et vous mon cher monsieur, vous auriez voulu quoi comme réponse? Que j'ai combattu un cancer? Non, je n'ai pas eu à vaincre le diable en personne. Je n'ai pas fait de chimiothérapie. J'ai plutôt choisi la psychothérapie pour vaincre mes démons à moi. J'y vais une fois par semaine et on est loin de la rémission. Le traitement sera long et parsemé de rechutes. Mon risque de récidive est très grand. On ne tue pas toutes les cellules de mon corps pour y faire disparaitre une tumeur, non. À la place, on gratte chaque moment, chaque souvenir, tous les traumas qui ont résulté en trouble d'anxiété généralisé et en trouble de la personnalité obsessionnelle compulsive. Calmez vos grands yeux qui me jugent mon petit Monsieur Inculte, je ne suis pas débile, je suis fragile! Ouvrez votre esprit, renseignez-vous. Vous seriez surpris de savoir le nombre de personnes autour de vous qui souffrent d'anxiété, de dépression, de bipolarité, d'un trouble de personnalité... Ils n'en ont juste pas parlé ouvertement de peur de vivre ce que je vis en ce moment même et c'est triste.
Je n'ai jamais eu peur du jugement des autres. J'y fais face sans plier l'échine, mais ça me choque quand même de voir qu'en 2023, bientôt 2024 on est encore là. Pourquoi cacher, taire, camoufler la vérité? Pour conforter les autres? Il me semble que de parler, de normaliser la maladie mentale, c'est libérateur. Ça fait du bien. Me cacheriez-vous votre diabète, vos problèmes cardiaques, votre anémie? Non! Alors pourquoi moi, je devrais cacher mes maux? Je n'ai aucune raison valable de ne pas être honnête quand on me demande de quoi je souffre. Personne ne devrait avoir peur du malaise face à la santé mentale. En fait, le malaise face à la santé mentale ne devrait juste pas exister. Il n'a pas raison d'être. Point final.
Virginie
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