Le suicide, faut en parler
J’écris ces lignes au jour 1 de la semaine de prévention du suicide. Je ne sais pas quand mon texte sera mis en ligne. Peut-être au mois de mars, peut-être même en avril. Je me demande si je ne devrais pas laisser faire et le prévoir pour l’année prochaine. Non, la prévention du suicide, faut en parler à tous les mois, tous les jours. J’ai vécu les 2 côtés de cette décision, cette solution définitive.
Quand j’avais 16 ans, mon copain a fait une tentative de suicide. Il s’est manqué. Malheureusement, pour moi, c’est comme s'il avait réussi parce qu’il a quitté la ville. Encore aujourd'hui, 24 ans plus tard, je ne sais pas pourquoi il a tenté de mettre fin à ses jours. Je n’ai jamais su qu’il n’allait pas bien, je n’ai vu aucun signe. J’ai passé des années à me sentir coupable, à décortiquer chaque moment passé ensemble, chaque parole…rien. Ça fait tellement mal de perdre quelqu’un en sachant qu’il souffrait en silence.
Pourquoi il ne m’a pas fait assez confiance pour m’en parler? Pourquoi il n’en a pas parlé à ses amis? À ses sœurs? C’est atroce de perdre quelqu’un et de rester avec tant de questions sans réponse. D'ailleurs, si tu lis ces lignes, sache que j’ai encore le cœur qui se serre quand je pense à tout ça.
Suite à cette perte tragique, j’ai voulu mourir, mais je n’ai pas fait de plan.
Dans ma vingtaine, j’ai voulu mourir souvent. Quand j’étais dépendante de l’alcool et de la drogue, j’ai tellement souvent espéré en crever. Mourir d’une overdose, d’un comprimé comportant autre chose que ce que je me procurais. M’endormir et ne jamais me réveiller. À cette époque, j’étais seule, sans amoureux, sans enfants.
L’an dernier, moi, en couple depuis 16 ans, mère de deux merveilleux enfants que j’aime plus que tout, j’ai voulu mourir. Malgré la peine, le vide que j’allais laisser dans le cœur de mes amours, je n’en pouvais juste plus. J’étais tellement malade, mon anxiété était tellement envahissante, je ne pensais pas pouvoir remonter la pente. J’ai consulté un matin, en ligne, avec un couteau dans la main. Si on ne m’avait pas mise en congé de maladie et qu'on n'avait pas augmenté ma médication, j’étais prête à me faire du mal. Rendue au point où j’en étais, les conséquences ne m’importaient plus. Tout ce que je voulais, c’était arrêter de me sentir aussi mal.
Les gens ne voient pas à quel point c’est souffrant les troubles de santé mentale. On se sent tellement seul, incompris, c’est atroce.
Je suis contente d’avoir consulté ce matin-là, d’être encore là pour voir mes enfants grandir, pour pouvoir passer du temps avec mon neveu et ma filleule.
Si tu souffres au point de vouloir en finir, au point de ne plus voir de solutions, parle. Si tu sens que tu n’as personne autour de toi: 1-866 APPELLE (1-866-277-3553) ou compose le 9-8-8.
Virginie
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