Les fêtes de fin d'année et la santé mentale :Je fais partie de ces gens qui n’apprécient pas Noël
À tous les ans, à l’approche du temps des fêtes, je ressens une profonde anxiété. Depuis quelques années, je n’aide plus à faire le sapin de Noël, je ne participe plus aux préparatifs. La journée du réveillon, je tremble et j’ai toujours cette fichue envie de pleurer.
Depuis 2012, soit l’année où ma maman est décédée, ce goût amer est toujours présent lors de ces évènements. Mon entourage me considère comme un Grinch. Et je sais que je ne suis pas la seule. Je pense qu’il y en a un dans chaque famille…ou presque. « Mais Lue, pourquoi n’aimes-tu pas Noël ? C’est si beau, le sapin, les cadeaux, les moments en famille… » Bingo! Les moments en famille, c’est là qu’il y a un hic.
Tôt dans mon enfance, il y a eu des disputes dans ma famille. J’ai toujours souffert de ne pas voir ceux qui habitaient pourtant dans la même ville que moi. En vieillissant, j’ai compris que valait mieux être seule, que mal accompagnée. Le reste de la famille habite en France, donc je ne les vois presque jamais. Enfant, je trouvais déjà ça difficile, lorsque je revenais à l’école en janvier et que toutes mes amies avaient fait le tour de leurs familles. Nous, nous n’étions que 3 à cette époque. Et en 2012, nous n’étions plus que deux.
Chaque année, je pense à ces gens qui sont comme moi. Je pense à ceux qui sont orphelins, à ceux qui ont pris la décision de couper les ponts avec leurs familles toxiques. Je pense à ceux qui n’ont pas de famille ou ceux qui, de la même manière que moi, vivent les fêtes de fin d’année avec un goût amer.
Les fêtes de fin d’année, c’est super challengeant pour les personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale. Que ce soit des traumatismes avec des personnes que tu dois revoir ou de l’anxiété sociale parce que tu es dans une famille nombreuse. Ou parce que tu sais que tu vas être mis face à beaucoup de nourriture. Dans tous les cas, ce n’est pas un moment facile à passer. Mais je sais que tu es capable.
Les fêtes de Noël sont aussi signes de consommation. Qu’on le veuille ou non, il y a beaucoup d’alcool dans ce genre d'événement. C’est là qu’on reçoit le plus de commentaires du genre : « Tu ne bois pas ? Pourquoi ? Allez! Juste un verre, c’est Noël » Non. Non, tu ne veux pas boire, c’est ta décision et tu n’as pas à l’expliquer. Je t’encourage à t’affirmer, puisque la sobriété est un chemin long et périlleux, mais si tu l’as choisi, c’est pour une raison. Je t’invite à te rattacher à ça.
Bref, sache que tu n’es pas seul(e). Tu as le droit de trouver le temps des fêtes difficile. Écoute-toi, écoute comment tu te sens. Fais de toi une priorité cette année. Tu as le droit de refuser de voir certaines personnes et de prioriser ta santé mentale. Tu as le droit de partir plus tôt d’un rassemblement. Tu as le droit de ne pas boire d’alcool. Tu as le droit de penser à tes proches qui sont partis trop tôt. Tu as le droit de te sentir comme un Grinch. Rappelle-toi qu’au final, il a un grand cœur, il est juste un peu méfiant.
- Lue
Comments