Ma demande À l’IVAC
C’est difficile pour moi de te parler de ça, mais je voulais le faire si ça peut ne serait-ce qu’aider une personne. J’ai longtemps banalisé les impacts de mes anciennes relations, en me disant que des personnes avaient vécu pire que moi et que je ne devrais pas m’en faire. J’ai fait beaucoup de travail sur moi, mais je ne comprenais pas certains patterns, émotions. J’ai consulté quelquefois, pas une mais deux professionnelles en santé psychologique qui me disaient que je pouvais faire une demande à l’IVAC. Pourquoi demanderais-je de l’aide alors que je n’ai pas de séquelles physiques ? Mais non, je vais m’en sortir toute seule, je vais continuer de travailler sur moi et puis ça va passer. J’ai ensuite été dans une relation qui a fait sortir en moi des émotions assez inconnues, et j’avoue que mes comportements m’ont vraiment inquiétée. Désir de provoquer un accident d’auto, commencer à fumer du pot, désir de vouloir me mutiler… Je me suis fait peur, alors j’ai recommencé à consulter, mais avec une autre intervenante qui avait une autre approche. Elle fût la troisième à me parler de l’IVAC. Ok…ma tête de cochon a compris.
J’ai réalisé que je ne voulais pas raconter ce qui s’était passé pour ne pas revivre les émotions, constater les impacts et me faire voir que j’ai vraiment touché le fond. J’avoue que j'ai peur que ma demande soit refusée. Cela me donnerait l'impression que mon vécu n'est pas assez grave, alors qu'au fond de moi, je souffre. Au moment d’écrire ces lignes, ma demande est encore en étude, et je vais probablement faxer une nouvelle page puisque des choses me reviennent.
Je ne te raconterai pas en détails les événements vécus, mais il s’agit de violence sexuelle, psychologique et coercitive. J’ai aussi subi des attouchements, et à cette époque, on m’a dit que je voulais juste de l’attention, alors ç'a continué jusqu’à ce que je change d’école. J’ai gardé ce secret avec moi pendant des années. Peu de personnes sont au courant. Je suis insécure, j’ai de la difficulté à faire confiance, j’ai tendance à saboter une relation qui pourrait être positive en me disant que je ne mérite pas ça une relation saine. Je tolère des comportements dégradants et douloureux dans les moments intimes en me disant que c’est un aspect de la sexualité qui existe…mais à quel point je dépasse ma limite pour faire plaisir à l’autre ? Je ne le sais même pas. À force de toujours se faire rabaisser, critiquer, recevoir certains commentaires, au fil des années, cela vient teinter notre perception de soi. Et sans qu’on s’en rende trop compte, on s'abaisse, on diminue nos besoins et nos standards en se disant que ce n'est pas si grave.
La vérité, c’est que personne ne devrait subir aucun type de violence. J’ai parfois voulu avoir une bonne claque à la figure, en me disant que ça ferait mal, mais que ce serait guéri après quelques jours. Je ne banalise pas la violence physique, mais les blessures psychologiques font aussi mal même si elles sont souvent invisibles. Je ne peux pas effacer le passé, le refaire. Est-ce que ç'aurait été mieux ou pire ? On ne peut savoir. Cependant, il n’est jamais trop tard pour se reconnecter à soi, ses besoins, reprendre confiance, améliorer notre estime, faire la paix avec le passé et aller de l’avant.
Une tempête à la fois
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