Moi et moi : L'histoire de mon antagoniste
Vivre avec de l'anxiété, c'est parfois étrange. J'ai souvent décrit cette réalité comme s'il y avait deux moi. Une véritable moi et une moi anxieuse.
À plusieurs reprises, j'ai eu cette impression, comme si une autre personne était aux commandes. Mon attitude, mes réactions et ma prise de décision étaient différentes. J'avais parfois l'impression de regarder se défiler les évènements comme si j'étais la spectatrice d'une pièce de théâtre. Ça me prenait un temps avant de prendre conscience que je n'étais plus moi-même, que mon antagoniste menait le bateau. Je ne savais pas qui j'étais. Cela m'a causé beaucoup de tourmentes.
Avec le temps, j'ai appris à me connaître. Connaître toutes les facettes de ma personne, les parts de lumière et les parts d'ombre.
Maintenant, mon antagoniste, je la connais bien. Elle doute, des autres et de la vie en général, elle est prête à croire qu'elle ne mérite pas le bonheur. Elle s'inquiète de l'opinion des autres, de son image, elle se remet rapidement en question, elle croit souvent à tort qu'elle a fait quelque chose de mal. Elle remet en doute sa valeur, ses capacités et son importance. Elle se critique durement, se culpabilise et se juge. Mon antagoniste a toujours peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être en mesure d'y arriver, elle a peur de faire du mal, peur de faire des erreurs.
Mon antagoniste, je l'ai longtemps confondue avec la vraie moi. Elle sait se montrer très convaincante. Lorsque j'ai pris conscience de son existence, j'ai tout fait pour la faire disparaitre. Je la détestais, je redoutais de la voir apparaitre, parfois je pouvais sentir qu'elle ne se tenait pas loin, dans l'ombre de ma conscience, elle attendait, elle se tenait prête à prendre la relève.
Avec le temps, j'ai appris à composer avec elle. J'ai commencé à l'observer, à prendre conscience qu'elle n'était pas là pour me nuire. En fait, maladroitement, elle était là pour me protéger, à sa façon à elle. En craignant et évitant les situations, on se protège des malheurs, des déceptions et des conflits. Mais, elle m'empêchait d'exprimer qui j'étais vraiment, elle m'empêchait d'être la vraie moi.
Cette vraie moi, j'ai dû aussi apprendre à la connaître, j'ai dû lui faire de la place. Celle qui a confiance en elle et en la vie, celle qui aime relever des défis, celle qui aime partager son opinion, celle qui traite les autres et elle-même avec douceur et amour, celle qui se sent légère et paisible. Je me rends compte que plus je lui laisse de place et plus je la découvre.
Aujourd'hui, j'apprécie davantage mon antagoniste. J'apprends à l'écouter, sans lui laisser tout le contrôle, parfois ce n'est pas évident. Mais je sais que nous avons tous des parts d'ombre et de lumière. J'accepte dorénavant l'entièreté et la complexité de mon être. C'est cela qui nous rend humain après tout.
Prisk
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