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unetempetealafois

Revisiter les fantômes de son passé

J’ai déjà lu quelque part que ce que tu fuis fini par te rattraper. Comme des petits fantômes qui reviennent te hanter de temps en temps. J’aimerais bien que ce soit le petit Casper qui vienne se poser près de mon esprit… Mais oui, la réalité a fini par me rattraper quelques fois. Parfois ça fait un peu mal. Et des fois, on dirait que c’est moi le monstre du film d’horreur.


J’ai donc visité mon propre village hanté. Avec ma travailleuse sociale, j’ai fait des constats que je n’avais pas faits jusqu’à maintenant. Je ne dis pas que l’énigme est résolue et que j’ai trouvé la potion magique me permettant de changer des choses aussi ancrées. Cependant, j’ai tout de même rapatrié quelques ingrédients pour me concocter une petite recette et ainsi faire la traversée de mon village hanté avec le plus de douceur possible. La vérité, c’est que c’est très inconfortable tout de même et c’est d’accepter et d’assumer certaines choses. 



J’ai passé une bonne partie de ma vie à faire des choix, surtout pour plaire aux autres. Me faire passer en dernier se fait de façon assez inconsciente. Là où ç'a fait mal, c’est quand une personne m’a dit: « Es-tu vraiment en train de planifier notre itinéraire en fonction juste de moi et que nous n’irons pas faire ce à quoi tu tiens le plus? ». Ça m’a fait froid dans le dos cette simple question. Je le savais, mais pas que c’était à ce point. J’ai donc fait une petite introspection. Des comportements, des choix m’ont alors sauté aux yeux. Vaut mieux tard que jamais ? Peut-être, mais j’ai eu l’impression de mettre une tombe de plus dans le cimetière des choses que je souhaite maintenant travailler pour être encore plus moi-même et m’affirmer. 


J’ai souvent été secrète, discrète pour protéger les autres, ne pas déplaire, éviter le conflit… Je n’ai pas eu de beaux modèles de couples amoureux quand j’ai grandi. Je me suis un peu fait mes propres perceptions de l’amour, ce qu’il fallait faire pour être aimée. Parce qu’au fond, il n’y en a pas de potion magique pour trouver le prince charmant et vivre heureux comme dans un conte de Disney. J’ai eu surtout des relations où on m’a constamment reproché de ne pas être démonstrative, trop indépendante. J’ai toléré des choses à oublier qui j’étais vraiment. Après plusieurs constats, je me suis sentie comme un monstre qui mérite juste de vivre avec ses fantômes et ses démons. Le parcours pour apprendre à dire non, mettre mes limites, écouter mes besoins, prendre soin de moi est assez intense. Je dépense mon argent pour me faire plaisir et penser à moi enfin, mais la sensation de bien-être est éphémère. Quand je nomme un besoin ou une limite et que la personne ne les respecte pas, j’explose, je deviens un monstre, une version de moi que je ne connais pas trop. 


La visite de mes fantômes et de mon petit village hanté est loin d’être terminée. Je mets certaines choses au cimetière, d’autres sont encore des genres de petits déguisements qui sont en train de tomber peu à peu.  Je trouve très difficile encore de nommer mes limites et mes besoins, surtout quand ça fait en sorte que les besoins de l'autre ne sont pas comblés. J'ai aussi l’impression d’avoir trouvé encore plus de bobos et de blessures à travailler, évaluer et comprendre. Petit à petit, je laisse partir ces petits fantômes. J’accepte la grande aventure d’être moi-même et de faire de ma santé mentale une priorité.


Anonyme


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