Toi, ton baby blues et ton post-partum
C'est quoi, ça, un post-partum? Dans mon langage non-épuré de maman, je vais te le dire très franchement, puis soit prête, fille. Parce que tu seras peut-être une de ces 7 % qui en souffrira.
J'te le souhaite pas.
Voilà. C'est la désillusion de la maternité. C'est t'enlever une partie de ton âme, de ton corps. C'est perdre le sens des responsabilités, de l'amour. C'est avoir l'impression que ce nouveau petit être ne t'appartient plus. Tu sais, ce sentiment d'attachement, d'amour inconditionnel, le "true love at first sight"? Ç'est supposé venir instantanément... MAIS non! Encore là, 7% d'entre nous ne connaîtront pas ça et malheureusement, j'en fait partie.
Pour ma grande, c'était immensément beau. Pas que je n'aime pas mon fils. Non non, je l'aime, de loin, d'amour, l'homme de ma vie. J'ai pleuré à sa naissance.C'est beau, donner la vie, donner SA vie. Je ne me trouves pas d'excuses pour ma dépression. Tu peux bien me juger et me lancer des roches, j't'attends! Mais laisse-moi t'expliquer ma version des faits... Parce qu'en surface, c'est dont méchant et laid, la dépression! Si grossier et vulgaire. Méchante maladie mentale, celle-là. Y'a bin juste les faibles pour vivre ça. (Un sérieux va ch*).
Lorsque petit Lou est né, j'ai fait une grosse infection aux reins qui m'a cloîtrée au lit pour ses premiers instants. Je n'ai pu prendre mon fiston qu'à sa troisième journée de vie. Mon cerveau a drôlement réagi, parce que le p'tit maudit s'est dit: "T'as pas été digne de t'en occuper à sa naissance, laisses les autres le faire à ta place." Tu parles d'une maudite affaire toé. Malheureusement, c'est ce que cerveau et maman firent jusqu'à se retrouver seuls avec bébé après six semaines, le regarder, l'admirer et se dire: "Mais qui est-il?"
Et là, tout a déboulé... La paranoïa de perdre mon conjoint, ma famille, de briser des liens. Pis ton seul moyen, ton refuge, c'est les petites pilules magiques qui, au fond, ne sont qu'un moyen de toujours mieux & plus dormir. C'est comme dans les rêves, t'sais. Quand tu dois courir ou crier, mais que tu as un blocage systématique. C'est une tempête d'émotions allant des larmes de joies, aux cris de colère. Comme ça, en un claquement de doigts. Tu passes d'un beau petit chaton mielleux à un gros lion affamé! GGRRrrr Allô? Ton café ne t'énergise plus, tu ne te nourris plus. Tu alimentes ta peine en rejetant le blâme sur les autres, en te dénigrant toi-même, la femme, amie, conjointe et mère que tu es. Que tu étais, plutôt.
Tu te sens dépossédée de ton temps, de ton corps. Tu rêves en secret de t'emmitoufler dans ta couette de lit et de ne jamais avoir à te réveiller. Tu pleurs sans arrêt en te demandant comment tu as pu arriver si bas. En te demandant comment peux-tu être digne d'être mère de ce garçonnet tout parfait? À te remettre en question, à espérer être une meilleure personne de jours en jours.
Pis watch out, parce que le jour (et il arrivera ce jour tant attendu) où tu reprendras possession de tes sentiments, où l'amour envers ton fils traversera ton plus profond être, tu le sentiras le lien.
Saches fille, que TU ES une bonne personne et TU ES une excellente mère! Tu es forte et tu fais de ton mieux. J'avoue que je ne suis peut-être pas la maman modèle, mais quand je vois mes enfants sourire, rire, être heureux, c'est là que je trouves le peu de force pour continuer! Il fût un temps où être forte ne suffisait plus, mais l'orage est passagère! Y'en aura pas de facile, mais ça vaudra toujours la peine.
Anonyme.
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