Évaluation de dysphorie de genre
Lorsque j’ai commencé à consulter ma sexologue psychothérapeute afin de m’y retrouver dans mon identité de genre, beaucoup de sujets sont ressortis. Je crois pouvoir dire avec certitude que celui qui m’aie le plus marquée est l’exercice du miroir. À la fin de la première rencontre, elle m’annonce un petit devoir d’ici à notre prochain rendez-vous. Elle me demande de me tenir debout, nue, devant un miroir et d’écrire tout ce qui me passe par la tête, sans nécessairement que ce soit organiser d’une quelconque façon. Immédiatement, j’appréhendais la venue du moment où je devrais le faire.
Finalement, la veille du rendez-vous, je me dis qu’il faudrait bien m’y lancée. Alors je m’installe, papier et crayon à la main. Et la panique s’empare de moi dès les premières secondes. Tant de choses qui ne concordent pas avec ce que je ressens. La pilosité forte, la carrure d’épaules, la poitrine manquante et j’en passe. Je comprends maintenant qu’il s’agissait d’un exercice nécessaire à la confirmation de ma dysphorie. Mais à ce moment-là, j’étais terrorisée et j’ai pleurée longuement. Je maudissais la vie d’être née dans ce corps qui ne m’appartenait pas. C’était comme si j’étais spectatrice dans ce corps, loin derrière dans une petite boite noire et que j’observais la vie de quelqu’un d’autre.
Avec du recul, je la remercie de m’avoir permis de voir et comprendre ce qui cause ma dysphorie. Ça me permet aujourd’hui non seulement d’y travailler, mais d’être capable d’éviter des situations qui pourraient me déclencher une crise de dysphorie. Encore aujourd’hui, j’évite les miroirs autant que possible. J’ai fait beaucoup de progrès, principalement grâce à mon traitement hormonal féminisant, mais il demeure que plusieurs aspects de mon corps ne me satisferont probablement jamais.
Nous avons tous des choses de notre corps que nous n’apprécions pas. Il faut dire qu’avec les différents médias, nous sommes presque forcés à se comparer à autrui constamment. Mais je crois que tous peuvent bénéficier de l’exercice du miroir. Pour moi, ce fut une prise de conscience de ce qui me dérangeait et une confirmation de ce que je ressentais. Et j’en suis venue à terme à comprendre qu’à chercher la perfection que je percevais, je passerais à côté de l’appréciation de tous les petits changements qui me rapprocheraient de la femme que je suis.
Ellie
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