Il y a des choses qu’on dit sans trop réfléchir. Sur le coup, ça semble anodin. Presque drôle. Et puis, après… on reste figée dans le silence qui suit.
Aujourd’hui, j’ai raconté à mes collègues que j’avais « explosé » auprès de mon fils ce matin. Un moment de tension, une de ces scènes qu’on vit tous comme parent — mais que j’ai racontée en mode caricature, avec des mots plus grands que nature. J’ai mimé, j’ai exagéré, j’ai sacré. J’ai voulu faire rire, peut-être même me déculpabiliser. Et elles ont ri. Un peu. Mais moi… depuis, je suis incapable de penser à autre chose.
Je rejoue la scène en boucle. Je me demande ce qu’ils ont pensé. Est-ce qu’ils me jugent ? Est-ce qu’ils se disent que je suis une mauvaise mère ? Parce que moi, c’est exactement ce que je ressens. Voilà ce que je récolte ; de l’anxiété.
J’ai honte.
Pas d’avoir élevé la voix. Ça, c’est humain. C’est dur être maman. C’est épuisant parfois. Mais j’ai honte d’avoir tourné ce moment intime — et difficile — en quelque chose de léger, presque risible. J’ai peur que cette image reste. Que ce soit ce qu’ils retiennent de moi.
Et puis… je respire. Lentement. Je me rappelle que l’on fait tous des choses qu’on regrette un peu. Que parfois, on dit trop, ou mal. Et que ce n’est pas cela qui nous définit.
Ce soir, j’ai pris mon fils dans mes bras plus longtemps que d’habitude. Je lui ai murmuré que je l’aimais fort. Et j’ai compris que même si j’ai trébuché dans mes mots, ce que je suis profondément, c’est une mère qui essaie. Qui aime fort. Qui apprend encore.
Peut-être que demain, je pourrai en reparler. Avec plus de douceur. Moins de masque. Peut-être que mes collègues comprendront. Peut-être qu’ils vivent ça aussi.
Et sinon… je saurai, au moins, que j’ai su me pardonner.
— Marie