Ça fait maintenant deux ans… Deux ans que je me bats avec mes propres pensées, constamment.
Des pensées en mode alerte générale, en panique constante, qui me font croire que la vie entière est dangereuse.
Quand je regarde derrière moi, j’ai l’impression d’avoir manqué tellement de choses. Je me revois avant le SSPT : rayonnante, pimpante,
vivante. Je profitais de chaque seconde, comme si le temps m’appartenait. Et maintenant, je me vois calculer chaque risque possible avant de franchir le pas de ma porte vers le grand monde extérieur, là où tout semble menaçant, même l’ordinaire, même les choses que j’ai vues des milliers de fois auparavant.
J’ai un quart de siècle. Je devrais être en train d’accomplir des choses, de vivre des rêves, de bâtir des projets entourée de mes amis. Je devrais travailler dans un domaine qui me fait vibrer, chanter à tue-tête mes chansons préférées dans des festivals, partir en roadtrip juste pour le plaisir de rouler, imaginer mes futurs bébés.
À la place, je réapprends à respirer. À faire confiance à la vie.
Je suis heureuse de pouvoir prendre soin de moi chaque jour, même si la culpabilité me murmure encore à l’oreille parfois. Chaque progrès est déjà énorme si je repense au jour 1.
Mais malgré tout, c’est difficile de vivre avec cette impression d’avoir perdu ces deux dernières années. Et je me demande parfois : combien d’autres encore vais-je perdre avant de me retrouver ?
Mais je me rappelle ceci : Chaque jour où je me lève, même fatiguée, même en morceaux, c’est une victoire. Une petite victoire invisible, mais bien réelle. Une preuve que je continue d’exister, même quand tout me semble figé.
— Isabelle
